discussion Trois mois face à moi

Trois mois que j’ai quitté Paris, et il s’est passé beaucoup de choses depuis, surtout dans ma tête.

Même si j’étais préparée à en ch…, le départ et les premières semaines ont été plus difficiles que je pensais. Cette fois-ci, pas d’histoire improbable à raconter. Je voudrais juste faire un bilan de ce premier « quart de visa », pour voir l’évolution de mon état d’esprit et en garder une trace pour plus tard.

🐢🐨🐤

~ Premier mois ~

Chamboulement géant d’émotions de toutes sortes. La joie de voyager a eu bien du mal à se frayer un chemin au milieu de la tristesse, de la solitude et du manque. Je pense que c’était encore « peu » marqué (moins pire) la première semaine, puisque je n’étais pas vraiment à destination. Tout était éphémère et il fallait que je voie ce pour quoi j’étais venue. Plus tard serait trop tard. Une fois arrivée en Australie, réellement là pour longtemps, c’était bien différent. Réaliser qu’on est au bout du monde est très abstrait, et je n’ai pas encore bien intégré ça.

Je savais que je ne partais pas dans les meilleures conditions pour réfléchir de manière intelligente ni apprécier ce que j’allais vivre. J’ai rapidement été mise face à moi-même et face à mes limites, mes peurs et mes défauts, sans aucune autre solution que de les affronter pour trouver une issue. On lit ça dans beaucoup de témoignages, mais pour moi c’était difficile à comprendre et à croire tant que je ne l’avais pas vécu. Je suis vraiment impressionnée par ceux qui n’ont pas ce genre de problème, et se sentent libres où qu’ils soient.

Parfois j’ai pu entendre que j’avais de la chance d’être là, que je devais en profiter pour ceux qui ne pouvaient pas. Peut-être que certains apprécient d’entendre ça, mais moi ça ne m’aide pas vraiment. Si je suis là c’est pour moi, et je ne voulais pas emmener une pression supplémentaire « pour les autres ». Je ne veux pas me sentir responsable du fait que tout le monde ne puisse pas partir, et encore moins me sentir coupable si je le vis mal… En l’occurrence, j’ai vécu ces premières semaines en mode survie, en essayant de ne pas faire demi-tour. Il a fallu que je me force à rester et à avancer. Chaque chose, même la plus insignifiante, demandait un effort énorme et prenait beaucoup d’énergie.

Mais seule j’aurais été incapable de trouver ces forces, alors un grand merci à Sarah, et à ceux qui m’ont aidée à garder la tête hors de l’eau…

🐦🕷🐱

~ Deuxième mois ~

Après plusieurs semaines sans aucun repère, à changer mes plans 20 fois par jour, il était indispensable que je ne sois plus seule. Le fait de retrouver des amis, qui en plus ont déjà vécu les déboires psychologiques et administratives par lesquelles je suis passée, a été une aide précieuse.

Ça m’a permis de prendre du recul sur les semaines précédentes et sur mes choix. Et de réaliser qu’on n’est jamais vraiment préparé en arrivant. La préparation permet uniquement d’avoir quelques lignes directrices et de n’avoir à jongler qu’avec les imprévus (nombreux). Et je me suis remise en question et j’ai tout remis en question mille fois.

Pourquoi je suis là ? De quoi je suis capable ? Où sont réellement mes limites ? Pourquoi/qui je ferais marche arrière ou non ? Etc…

C’est aussi à ce moment là que j’ai commencé à réaliser que j’étais là pour longtemps, et que je pouvais faire des plans sur le long terme. J’ai donc décidé plusieurs choses pour la suite :

– voir la migration des requins baleines et des baleines sur la côte ouest à l’automne ;

– skier et/ou travailler dans une station de sports d’hiver (oui oui) en juillet-août ;

– faire deux mois de bénévolat dans un sanctuaire de diables de Tasmanie, dans la montagne, en Tasmanie, en octobre et novembre. Pour finir en apothéose !

J’avais ces quelques pistes (et bien d’autres que j’essayerai de réaliser en chemin) depuis le début et même avant, mais j’étais encore incapable de me fixer car j’étais complètement instable émotionnellement et sans aucun repère.

Ce deuxième mois a en plus été le moment où j’ai commencé à chercher du travail. Beaucoup plus difficile que je pensais, et je me suis surtout à nouveau rendu compte de mes limites. Ça s’est terminé jusque là en deux expériences bien différentes mais enrichissantes malgré les conditions.

🐝🐐🌵

~ Troisième mois ~

Il était temps de me donner un gros coup de pied au c.. !

Et j’ai l’impression que ces dernières semaines sont passées à une vitesse éclair. Tout s’est accéléré avec ces expériences de travail, et encore plus dans la ferme où je fais actuellement du HelpX. Je n’en suis pas encore partie mais je serais bien incapable de compter le nombre de choses différentes que j’ai faites et apprises ici. Ça me rebooste pour la suite, me fait rencontrer des gens super intéressants, et me redonne confiance en moi et en ce que je fais.

Je commence enfin à réellement apprécier ce que je vis ici et ce que je fais.

Beaucoup de positif pour la suite. Merci Ludmila de m’avoir poussée à tenter le HelpX ! Pour ceux qui ne connaissent pas et ne veulent pas chercher ce que c’est, vous devrez attendre un peu pour mieux comprendre 😉

7 commentaires

  1. C’est super bien écrit ce que tu dis là Soso, c’est bourré d’émotions et on frissonne pour toi rétrospectivement. Comment se rendre compte, comment comprendre tes peurs, tes angoisses, tes incertitudes, tes hésitations et surtout ta solitude, quand nous on est bien calés dans notre confort quotidien avec les gens qu’on aime à coté ou pas bien loin ? La solitude ? On connais pas. L’angoisse de savoir comment on va se débrouiller pour pouvoir manger demain ? Connais pas non plus. Nous ici on ne peut pas savoir vraiment ce que tu vis et c’est bien de nous le dire… Les gens ont très souvent tendance à envier les autres sans se rendre vraiment compte des difficultés d’un déracinement, même temporaire. L’herbe est toujours plus verte ailleurs, n’est-ce pas ?
    Je pense très souvent à toi Soso, mais je ne peux t’aider que par la pensée et j’en suis désolée..
    Je souhaite de tout coeur que le plus dur soit derrière toi, et saches qu’on t’aime tous très très fort….même si ça ne met pas à manger dans ton assiette et la sérénité dans ton coeur…
    En espèrant vraiment que cette expérience te mène à TOI.
    Je te fais mille gros bisous de réconfort virtuel !!!
    Prends soin de toi, tu es précieuse ❤

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  2. Sophie,
    Bravo pour ta ténacité et ton retour sur toi-même.
    Tu as toujours été lucide et volontaire, indépendante et gagneuse.
    Malgré les kilomètres, nous restons tous les jours à tes cotés pour te suivre dans ton exceptionnelle aventure, durant laquelle il ressort que tu t’es forgé une carapace « Gore-Tex » (qui te protège de l’extérieur sans empêcher tes sentiments de nous parvenir).
    Merci de nous faire rêver et de nous émouvoir, bravo à toi, ma fifille et fait quand même attention à toi face aux araignées, cactus, exploitants agricoles peu scrupuleux, pannes de voitures et autres aléas locaux !
    Gros bisous de ton père.

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  3. Coucou ma « petite » Sophie ,
    Quelle fille courageuse tu es , mais ça on le savait déjà ! Malgré toutes les difficultés administratives où tu as dù courir d’un état à l’autre ,les ennuis pour te loger , pour trouver un boulot (et quel boulot parfois!) , la peur , le chagrin , la solitude . Il t’as fallu du temps pour trouver tes marques, mais tu as tenu bon !
    Un jour tu m’as dit : » Si je n’y vais pas je le regretterai toute ma vie  »
    Toujours tu as aimé te lancer des défis , celui là était difficile ,mais tu vas le réussir .Tes projets sont magnifiques , tu as encore du temps pour les réaliser .Et plus tard tu diras : » j’ai bien fait d’y aller  » Tu sera très fière de toi , comme nous le sommes tous !
    Gros bisous ma puce
    Mamie Papy

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  4. Oh ma chérie, je savais que la solitude, les incertitudes et les remises en question devaient peser lourds dans un voyage comme tu l’as entrepris.
    A te lire l’émotion est là, bien présente des 2 côtés de l’écran… Il ne faut surtout pas qu’elle soit bloquante mais un moteur pour aller de l’avant. Ce que tu vis en ce moment. Et ne pense pas que ce sont de belles paroles puisque tu nous l’as déjà démontré plusieurs fois dans tes choix. Tu le vis, tu n’en as donc peut-être pas autant conscience que nous et c’est normal.
    Une maman souhaite toujours que tout se passe bien pour ses enfants. Alors je t’envoie toutes mes plus belles pensées pour t’assurer que tu iras loin dans ta vie.Ta tête a toujours été très bien faite et bien remplie. Ne perd pas de vue les envies qui te portent depuis très longtemps ainsi que celles qui te viennent maintenant.
    Et un grand merci à toutes les personnes qui auront su te donner les conseils ou le réconfort dont tu as eu besoin. 🙂
    Des milliers de gros bisous ma biche. ❤

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